"Les oubliés de I’ histoire" est un récit réunissant trois jeunes filles qui vont se retrouver
projetées dans une cruelle réalité à laquelle elles ne s' a Aendaient pas. Elles vont se retrouver face à une mafia pour qui le commerce des corps n'est qu'un moyen pour s'enrichir. La prostitution forcée, commune dans Ie monde entier, est un fléau que les médias tentent de cacher. En Europe, les journaux, la télévision, la radio, les Etats, les mouvements humanitaires et les ONG, tentent de jeter la lumière sur ce fléau et d'y faire face, tandis que
dans nos pays du Sud où la pauvreté fait rage, nos états ne veulent rien savoir et n'essayent même pas de reconnaître l'existence de ce problème ou de réduire l'exode des victimes potentielles. Les véritables facteurs restent ignorés, les coupables sont impunis et les victimes demeurent victimes. Les “Oubliés de l'histoire” raconte le destin de trois filles marocaines piégées par le rève, décues par une société intolérable et aggressive. Le film raconte aussi Ie destin de quelques immigrés, Azzouz et Said avec d’autres sans papiers, qui se font exploiter jusqu'à la mort. Tous ces exploités sont conscients que leur unique voie de survie est de bien gérer leur réalité équilibrée entre Ie cauchemar et I' espoir. C'est la vérite de ces êtres, au milieu des chaînes de I' esclavage. Yamna s'accroche à la vie, espérant retrouver son amour Azzouz. Ce dernier travaille, se sacrifie pour ramasser suffisamment d'argent et rentrer se marier avec sa bien aimée Yamna. Le personnage d' Azouz montre ce jeune garçon courageux qui essaie de rester debout au milieu de mille épreuves, de faire face à son patron, de rendre hommage à l’immigré et de défier tous les dangers pour libérer sa bien aimée et ses compatriotes des griffes de la Mafia. Nawal refuse de céder au chantage et se suicide le jour même de la mor t de l’af ricain, le vieux Hayatou. Ces deux morts déclenchent des prises de conscience et des prières sont lancées pour sortir de ce monde misérable et tenter de briser une des chaînes de la prostitution et de l'exploitation du corps et de l'esprit. Amal représentera Ie parcours banal et courant de toutes les victimes de ceAe exploitation.
On va essayer de filmer avec une caméra audacieuse et pudique en même temps. De temps en temps, on va donner des images crues, d'une réalité abominable, pour que Ie spectateur sente qu'il participe à une tentative commune, qu'il se sente concerné pour lire avec nos personnages, à haute voix, des prières adressées à des êtres humains. La ligne directoire sera dans Ia direction néoréaliste. Mais aussi avec la recherche psychologique et intérieure de chaque personnage. Ceci n’est possible qu’avec un cadrage et une focalisions du regard. On aura Ie regard de… et tout ce qui intéresse Yamna. La caméra va suivre tout ce qui donne un sens au monde intérieur et extérieur de Yamna et qui la bouleverse. La caméra ne tombera pas dans la facilité de la scénographie (on ne montrera pas les filles nues en train de faire l'amour, les bagarres dans Ie bar, etc.). L'image doit avoir un caractère presque religieux, avec des ombres expressionnistes claires et une image sombre sera Ie concept de l'immeuble délabré.
Une image chaude et forte pour toute la partie de I' Atlas, Fès et le bar. Une image lessivée va caractériser la partie de la ferme (prison des filles). Le film sera bilingue, arabe et Francais, avec quelques mots et réflexions. La musique sera originale, une musique africaine d'Ismailo (Af r ica) , sur la traversée de Gibraltar, une musique turque avec Mawal au moment de la veillée de la mort de Hayatou.
Hassan BENJELLOUN